Anciennement îles Sandwich, l'archipel d'Hawaï (en hawaïen Hawai‘i, en anglais Hawaii), est le plus récent des 50 États fédérés de l'Union américaine (dans laquelle il a été admis le 21 août 1959), et le seul qui soit entièrement insulaire. Ses 16.800 km2 font partie de la Polynésie septentrionale et se situent dans le centre de l'océan Pacifique, au sud du tropique du Cancer. Comment ces îles sont-elles devenues partie intégrante des États-Unis?
L'influence prépondérante des Américains dans les îles à la fin du 19e siècle, appuyée par le débarquement d'une compagnie de fusiliers-marins, conduisit à la déposition de la dernière reine d'Hawaï (renversée par un coup d'État en 1893) et à l'instauration d'un gouvernement provisoire. En 1894, le protectorat toujours renforcé des Américains sur l'archipel, conduisit à la proclamation d'une République d'Hawaï. Celle-ci finit par être annexée à l'Union américaine en 1898, avec le statut de Territoire d'Hawaï. [1]
D'après l'actuelle Constitution de l'État d'Hawaï, les deux langues officielles sont, depuis 1978, l'anglais et l'hawaïen. Il est donc le seul des 50 États à avoir deux langues officielles.
Mais, si Hawaï appartient aux États-Unis, comment expliquer que le drapeau de cet État contienne le drapeau britannique ?
Le drapeau d'Hawaï,
qui contient l"Union Jack" britannique
Pour comprendre ce lien avec l'Angleterre, il faut remonter à l'époque du Capitaine James Cook (1728-1779), navigateur, explorateur et cartographe britannique, qui fit trois grands voyages dans le Pacifique avec différentes corvettes dont la Resolution, l'Adventure, l'Endeavour et la Discovery.
Le capitaine James Cook et un modèle de sa corvette "Endeavour"
Au cours de son troisième voyage et après avoir découvert l'île Christmas, la veille de Noël 1777, Cook devint le premier Européen à débarquer dans l'archipel des Hawaï, en 1778. Il les baptisa « Îles Sandwich » en l'honneur de John Montagu, quatrième comte de Sandwich [2], amiral de la flotte du roi George III d'Angleterre. [3]
Naviguant ensuite le long du continent américain, Cook décrivit dans son journal les tribus indiennes de l'île de Vancouver.[4] L'expédition retourna à Hawaï l’année suivante, en 1779. Cook et son équipage atterrirent dans la baie de Kealakekua (sur l'actuelle Grande Île) où il séjourna un mois. Peu après avoir quitté l'île, une avarie du mât de misaine les contraignit à rebrousser chemin pour réparer. Ils décidèrent de retourner dans la Grande île en raison du bon accueil qu'ils y avaient reçu. Au cours de cette seconde escale, des tensions naquirent entre indigènes et Britanniques, donnant lieu à plusieurs bagarres. Des Hawaïens leur volèrent même une chaloupe. Cook retint quelques otages jusqu’à ce que les biens volés lui soient restitués. Il prévoyait de prendre en otage le chef de Hawaï, Kalaniopu'u. Le 14 février 1778, une vive altercation éclata avec des habitants qui attaquèrent Cook et ses hommes à l'aide de pierres et de lances. Poignardé dans le dos, Cook s'écroula et fut battu à mort par ses assaillants.
Peinture a l'huile, Johann Zoffany,
National Maritime Museum, London
En 1874, un obélisque a été dressé à l'endroit où il fut tué, sur un terrain d'environ 2,3 m2 entouré d'une chaîne. Cette petite parcelle, située en territoire américain, a été donnée au Royaume-Uni.[5]
Une localité voisine s'appelle Captain Cook. Le module de service et de commandement d'Apollo 15, de même que la navette spatiale, portent le nom du navire de Cook, l'Endeavour. Depuis peu,cette navette spatiale est conservée dans un musée de Los Angeles. Il est à noter que l'astronef américain a conservé l'orthographe anglaise du navire de Cook au lieu de l'orthographe américaine "Endeavor".
Une pièce de monnaie américaine, le demi-dollar du Cinquantenaire d'Hawaii, frappée lors des célébrations du 150e anniversaire de la découverte des îles Hawaï par James Cook, est à l'effigie du grand navigateur britannique.
Notes linguistiques :
(1) TABOU remonte à une langue polynésienne dans laquelle tapu, tabu qualifie ce qui est interdit et sacré, que l'on ne peut toucher sans commettre un sacrilège. Le français connaît ce mot par l'intermédiaire de l'anglais taboo, introduit en Occident par le récit du troisième voyage du capitaine Cook en Océanie (1777, traduit en français en 1785).
(Source : Le Petit Robert)
(2) Dans la langue hawaïenne, le mot « wikiwiki » veut dire « rapide ». D'où WikiWikiWeb, le premier wiki, inventé en 1994 par Ward Cunningham pour son site Web. WikiWikiWeb, n'est pas un site Web complet, mais seulement une fonctionnalité ajoutée au Portland Pattern Repository, une section du site Web de Cunningham qui l'a créée pour faciliter l'échange d'informations entre programmeurs.
Le terme « wiki », aujourd'hui utilisé pour désigner la technologie utilisée par WikiWikiWeb, vient du nom de ce premier site. Il arrive que le terme « WikiWikiWeb » soit employé de manière générique comme synonyme de « wiki », un site web dont les pages sont modifiables par les visiteurs afin de permettre la rédaction et l'illustration collaboratives des documents numériques qu'il contient.
Le mot "wiki" (également employé dans les mots Wikipedia , MediaWiki, CataWiki, GeoWiki, LyricWiki, Wiktionary, etc.) est sans doute le mot d'origine hawaïenne le plus répandu sur la Toile.
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[1] L'archipel d'Hawaï entra dans l'histoire de la Seconde Guerre mondiale lorsque l'aéronavale japonaise attaqua la base de Pearl Harbor, sur l'île d'Oahu, au nord-ouest d'Honolulu, le 7 décembre 1941.
[2] À son bureau, John Montagu devait accomplir de nombreuses tâches administratives et il lui fallait donc des repas simples pour gagner du temps. Un jour, son cuisinier lui apporta une préparation à base de pain facile et rapide à avaler qui, du coup, prit le nom de sandwich. Le mot fut ensuite adopté dans plusieurs langues, et notamment en français. En anglais il sert également de verbe, dans le sens de coincer un sujet ou un objet entre deux autres. Par exemple : « On the plane, I was sandwiched between two hefty men. » En français, on parle dans ce sens de « prendre en sandwich », et le terme s'est si bien francisé qu'on a même construit le dérivé « sandwicherie ».
[3] Il ne faut pas oublier que le troisième voyage de Cook se déroulait à l'époque de la guerre d'Indépendance américaine et que la France n'allait pas tarder à déclarer la guerre au Royaume-Uni. Prévoyant cette situation de belligérance, le roi de France Louis XVI avait envoyé des passeports à Cook et ordonné à sa marine d'épargner ses navires et de leur venir en aide, le cas échéant. Très instruit et féru des questions de géographie, Louis XVI n'était pas ce benêt qu'on nous a parfois présenté. À la même époque, outre l'assistance à fournir éventuellement au concurrent anglais, le roi avait enjoint à La Pérouse (qui naviguait dans la même région du monde) de s'abstenir de tout acte hostile envers les indigènes.
[4] George Vancouver (1757-1798), est un navigateur britannique, officier de la Marine royale, qui est plus particulièrement connu pour avoir exploré la côte Pacifique, le long de ce qui est aujourd'hui la province canadienne de la Colombie-britannique (où se trouve la ville de Vancouver, ainsi nommée en son honneur) et des États américains de la côté occidentale. Il explora également l'archipel d'Hawaï et la côte sud de l'Australie. George Vancouver participa aux deuxième et troisième voyages de Cook comme matelot d'abord, puis en qualité d'aspirant (midshipman). Il fut promu lieutenant à son retour en Angleterre, avant d'aller servir pendant la guerre d'Indépendance. En 1782, il reçut le commandement des deux corvettes Discovery et Chatham, chargées de reconnaître et d'hydrographer toute la côte occidentale de l'Amérique du Nord. Le commandant de la corvette Discovery devait être Henry Roberts et, Vancouver, son premier lieutenant. Les plans du voyage furent modifiés lorsque le commerçant et explorateur d'origine britannique John Meares annonça aux autorités de son pays que l'Espagne avait capturé son navire. La Grande-Bretagne déclara la guerre à l'Espagne et prépara sa flotte à régler le différend. Henry Roberts et George Vancouver quittèrent la Discovery pour servir dans la Marine royale jusqu'à la capitulation de l'Espagne. C'est alors que Vancouver revint sur la Discovery, cette fois en tant que commandant, et qu'il put entreprendre son célèbre voyage.
[5] De même, agissant au nom du gouvernement français, l'empereur Napoléon III acheta à la reine Victoria tout le domaine de Longwood, ainsi que l'emplacement du tombeau qui avait abrité les restes de son oncle à Saint-Hélène, avant que ceux-ci soient ramenés en France, sur ordre du roi Louis-Philippe, en 1840.
Rédigé par Jonathan G. (pendant un séjour sur l'île de Kauai) et révisé par Jean L.
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