Viktor Lazić |
Jonathan G. |
ENTRETIEN EXCLUSIF -
mené en anglais par Skype entre Los Angeles et Belgrade.
Version anglaise.
L'interview qui suit a été traduite par Nadine Gassie, qui, avec sa fille Océane Bies fut notre traductrice du mois d'avril 2017. Nadine détient une maîtrise d'anglais de l'Université de Pau et des Pays de l'Adour (1993) et un DESS de traduction littéraire de l'Institut Charles V, faculté d'anglais de l'Université Paris-Diderot (1994).
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JG : Avant que nous parlions des deux incroyables bibliothèques que votre famille a constituées sur plusieurs générations (et qui sont aussi des musées aujourd'hui), voudriez-vous vous présenter ?
VL : J'ai 35 ans. J'habite à Belgrade. J'ai auparavant dirigé une agence de traduction et je suis toujours membre de l'Union serbe des traducteurs scientifiques et techniques. Je parle anglais, allemand, russe et bien sûr ma langue maternelle, le serbe. Aujourd'hui, j'exerce la profession d'avocat spécialisé dans le droit des sociétés et la restitution à leurs anciens propriétaires de biens confisqués par le régime communiste. Je prépare aussi un doctorat dans le domaine du droit chinois : "Confucianisme et légalisme : les deux écoles dominantes du droit chinois."
JG : Vous êtes également auteur.
VL : Oui, en plus de ma pratique du droit, de mes travaux universitaires, de mes nombreux voyages (dans quatre-vingt dix pays sur six continents) et de mon travail dans la gestion des musées familiaux, je suis membre de l'Association des écrivains de Serbie et guide touristique agréé. C'est une tradition familiale, depuis de nombreuses générations, que d'avoir plusieurs diplômes et professions : cela a toujours servi de protection contre l'instabilité de la vie dans les Balkans.
JG : Combien de livres avez-vous écrits ?
VL : J'ai écrit six livres et environ mille articles en serbe, principalement sur les voyages, mais aussi sur l'histoire. Dans mon livre La Grande Aventure, traduit en six langues, je décris mon voyage de quatre-cent vingt-et-un jours effectué en 2009-2010. Je suis allé du Kosovo au Cap-Nord en Afrique du Sud, j'ai traversé la Russie, la Corée du Nord et l'Australie, et je suis rentré en Serbie en voiture depuis Vladivostok, traversant seul le désert de Gobi. Mes descriptions de la vie des pirates dans le détroit de Malacca, de celle des croyants de la secte de Vissarion (autoproclamé Jésus Christ Revenu) en Sibérie et de celle de tribus matriarcales et de tribus anciennement cannibales en Indonésie ont attiré l'attention des médias dans les pays des Balkans.
JG: Où avez-vous acquis votre excellente maîtrise de l'anglais ?
VL : Enfant, je passais plusieurs mois chaque année chez une tante à Londres. J'avais 14 ans quand ma ville fut très gravement bombardée lors de la guerre du Kosovo. Ma maison ayant été endommagée, mes parents ont décidé de m'envoyer chez ma tante. Après dix jours d'épreuves horribles pour quitter Belgrade sous les bombes, avoir traversé un pont bombardé à peine quelques minutes après, m'être retrouvé face à des fonctionnaires hongrois hostiles de l'autre côté de la frontière, j'ai fini par arriver à Londres où je suis resté cinq mois.
JG : Votre amour des livres a commencé très jeune.
VL : C'est vrai. J'ai commencé à écrire de la poésie à l'âge de six ans. À huit ans, je faisais l'inventaire de la bibliothèque familiale et à douze ans j'avais deux mille livres dans ma chambre ! Dès mon enfance, j'ai rêvé de poursuivre la tradition familiale en créant une institution destinée à préserver et agrandir la bibliothèque, comme ma famille avait cherché à le faire précédemment. C'est alors que je me suis rendu compte qu'un grand nombre d'amis de ma famille, d'écrivains célèbres et de particuliers possédant d'importantes bibliothèques et archives n'avaient plus la place nécessaire pour stocker leurs collections mais ne faisaient pas non plus confiance aux institutions de l'État. Il leur fallait donc trouver un endroit sûr auquel confier leurs trésors.
JG : Parlons donc de cette collection de livres qui ont été transmis dans votre famille de génération en génération, et dont le propriétaire est aujourd'hui une fondation culturelle [1] dont vous êtes le président : pouvez-vous parler à nos lecteurs de sa situation actuelle ? Nous pourrons ensuite évoquer son histoire fascinante et certaines des pièces étonnantes qui s'y trouvent.
VL : Nous estimons que la collection compte pas moins d'un million de livres. Elle fait office à la fois de bibliothèque et de musée, une partie étant consacrée aux ouvrages de littérature serbe, l'autre partie aux livres, manuscrits, machines à écrire, etc. du monde entier. La plupart des ouvrages sont proposés à titre de référence uniquement et consultables in situ dans notre salle de lecture. Pour le moment, la capacité de la salle de lecture n'est que de huit places mais nous prévoyons d'étendre bientôt sa capacité à soixante lecteurs. Mais c'est principalement sa vocation de musée qui attire des visiteurs du monde entier. L'afflux de livres, souvent donnés par des bibliothèques qui ferment ou issus de collections privées, est d'environ cinq mille par semaine. De nombreux titres reçus ne nous convenant pas, nous les donnons à d'autres bibliothèques.
JG : Qui sont principalement vos visiteurs ? Des bibliothécaires, des universitaires ?
VL : Ce sont surtout de nombreux groupes d'enfants. Notre objectif éducatif est de susciter leur intérêt pour des ouvrages de toutes sortes, provenant de pays lointains, ainsi que pour les objets qui leur sont liés. C'est une manière passionnante de diffuser la connaissance, l'amour et la tolérance. Mais de nombreux experts du monde entier viennent également consulter notre fonds. Tout récemment, nous avons autorisé des chercheurs de l'Université Humboldt de Berlin à utiliser l'une de nos archives.
JG : Votre collection renferme non seulement des volumes en papier classiques, mais aussi des écrits sur bâtons de bambou, sur soie, sur parchemin et même des ouvrages faits à partir d'excréments d'éléphants ! Pouvez-vous nous expliquer comment et pourquoi ces matériaux inhabituels sont utilisés pour la fabrication de « livres » ?
VL : L'un de nos objectifs est de mettre en valeur l'histoire et la richesse du monde. C'est pourquoi nous avons réuni des livres du monde entier, notamment en essayant de nous procurer des ouvrages insolites qui témoignent de la diversité de l'esprit humain. Par exemple, nous avons des livres réalisés sur du papier de riz afin qu'ils puissent être mangés si le lecteur a faim ! C'était un usage traditionnel en Chine où la peur de la famine est profondément ancrée dans l'esprit des gens. De Thaïlande, nous avons en effet des livres réalisés à partir de bouse d'éléphants...[2] Nous avons des livres tribaux composés de feuilles de palmier ou de bananier. Nous avons même des ouvrages avec des couvertures en os, probablement humains...
Au début étaient les livres, mais aujourd'hui machines à écrire et autres objets littéraires font également partie de la collection.
(Momir Alvirovic/Avec la permission d'ADLIGAT)
JG : Vous avez un manuscrit signé Napoléon Bonaparte [3]. Comment est-il parvenu jusqu'à vous ?
VL : J'étais à Parme, en Italie, l'année dernière avec une amie française issue d'une famille noble. Nous visitions un musée dédié à Marie-Louise, la seconde épouse de Napoléon. Entourés de tous ces objets originaux de l'époque napoléonienne, mon amie m'a demandé lequel je choisirais, si je le pouvais, pour ajouter à ma collection. J'ai exprimé mon admiration pour Napoléon, et en particulier pour son célèbre Code, puisque je suis avocat. Et j'ai déclaré qu'il serait vraiment étonnant que nous obtenions un jour un objet directement lié à Napoléon... À peine quelques mois plus tard, mon amie découvrait un document napoléonien original et nous en faisait don. Elle tient cependant à rester anonyme. Ce document concerne un certain Bernard Radelski, soldat d'origine slave, peut-être russe ou bien polonais, ayant très probablement déserté l'armée russe. C'est une supposition car le document indique qu'il était membre de l'armée française mais appartenait à l'unité spéciale composée d'anciens soldats ennemis, prisonniers de guerre ou déserteurs. De toute évidence, cet homme n'aimait pas la guerre car il s'est également enfui de l'armée française ! Malheureusement pour lui, il a été rattrapé, jugé et condamné à
une très forte amende et à porter un boulet au pied pendant seize ans... L'empereur l'a par la suite gracié. C'est le document original accordant la grâce impériale qui a rejoint notre collection. Il révèle une facette intéressante de l'histoire en montrant à quel point la structure de l'État français était bureaucratique, car même cette simple grâce a dû être signée non seulement par l'empereur, mais aussi par ses ministres et son chef de cabinet... Nous avons donc trois autres signatures sur le document, celles de Jean-Jacques-Régis de Cambacérès, d'Hugues-Bernard Maret et de Claude Ambroise Régnier, tous personnages extrêmement importants en leur temps. Régis de Cambacérès est en fait le véritable auteur du Code Napoléon et il a présidé la commission spéciale qui en a validé la version finale. [***]
JG : Quelles autres signatures de Français célèbres avez-vous ?
VL : Notre collection de livres en langue française et sur la France compte plus de trois cent mille titres ! La Révolution française et la culture française ont eu un impact significatif sur la Serbie et nous sommes fiers de ce lien. Notre collection sur la Première Guerre mondiale est aussi particulièrement importante et fortement liée à la France. Un ensemble de quatre documents d'importance signés par les rois de France Louis XIII, Louis XIV, Louis XV et Louis XVI a été acheté pour nous par un donateur, mais ces documents ne sont pas encore arrivés en Serbie. Nous sommes également fiers d'avoir une petite collection de photos et de textes signés de la main de Jacques Prévert, don du célèbre journaliste serbe Kosta Dimitrijevic qui a effectivement rencontré Prévert et l'a interviewé.
JG : Vous avez également des lettres manuscrites de Nikola Tesla, mythique ingénieur électricien, inventeur, mécanicien et physicien américain d'origine serbe. Quel est le contenu de ces lettres ?
VL : Mihajlo Pupin, comme Nikola Tesla, était un inventeur serbo-américain. Il a reçu le prix Pulitzer pour son autobiographie. Ce fut l'un des inventeurs américains les plus importants du XXe siècle, grâce à qui le téléphone et le radar ont pu être développés. Tesla et Pupin vivaient tous les deux aux États-Unis. Les lettres de Tesla au consul général du Royaume de Yougoslavie à New York, écrites trois mois avant la mort de Pupin, expriment une grande inquiétude pour la mauvaise santé de son compatriote, réfutant de fait les rumeurs précédentes sur une quelconque hostilité entre eux. La relation entre ces deux géants est très importante dans l'histoire de la science, tout particulièrement pour la Serbie. Plus de trois cents média internationaux dans vingt pays et en dix langues (dont le New York Times et le Washington Post) ont parlé de ces lettres. [4]
JG : La collection de livres a été commencée par votre ancêtre en 1720 et ouverte au public en 1882. Elle a subi les vicissitudes de deux guerres mondiales et de nombreux bouleversements en Serbie et ailleurs. Les histoires que vous racontez sur certains de ces événements pourraient remplir un livre. De fait, vous avez accepté de nous écrire un article relatant la façon dont votre grand-mère analphabète s'est occupée de la bibliothèque familiale pendant plus de cinquante ans, avant de vous en nommer légataire, dans son grand âge. Voulez-vous nous raconter ici les efforts déployés par votre arrière-grand-père pour sauver certains livres pendant la Première Guerre mondiale ?
VL : Mon arrière-grand-père, Luka Lazić(1876-1946), était un vrai amoureux des livres. Il passait la majeure partie de son temps à lire ou à rendre visite à la bibliothèque que son père avait ouverte au public en 1882. C'est autour de 1908-1910 que Luka a repris la bibliothèque familiale. La famille Lazić vivait alors dans une petite ville du nord de la Serbie, Kumane, qui se trouvait sur le territoire de l'empire austro-hongrois, si bien que mon arrière-grand-père s'est trouvé enrôlé dans les troupes de réserve de l'armée autrichienne. C'est ainsi que lorsque l'Autriche-Hongrie a déclaré la guerre à la Serbie, il aurait dû combattre contre sa propre nation. Il a donc décidé de s'enfuir et de traverser secrètement le Danube pour rejoindre les troupes serbes. Mais, inquiet pour le sort des livres qu'il laissait dans son pays, craignant que des militaires ou des officiels autrichiens ne pénètrent chez lui, les emportent ou les détruisent, il a demandé à sa femme, Marta de coudre dans son manteau ses livres préférés et les plus précieux. Ce manteau était en toile de jute très épaisse, avec une doublure en laine de mouton, parfaite pour y dissimuler des objets. Il a choisi six livres à coudre à l'intérieur. Mais il ne pouvait pas savoir ce qui l'attendait.
Lorsque la Serbie a été attaquée de toutes parts à la fin de 1914, le commandement serbe a décidé de ne pas se rendre, mais plutôt de battre en retraite en plein hiver à travers les montagnes d'Albanie, qui sont parmi les plus hautes et les plus hostiles d'Europe, dans l'espoir d'atteindre la côte Adriatique et d'être secourus par les navires alliés. Craignant la vengeance de l'ennemi, de nombreux civils ont rejoint l'armée serbe en retraite. La plupart des 1,1 million de victimes serbes de la Première Guerre mondiale ont péri dans cette épreuve, considérée comme l'une des pires tragédies de cette guerre, en particulier pour les Serbes [5]. Luka a marché pendant des centaines de kilomètres, à travers des montagnes enneigées, combattant l'ennemi et résistant au vent et au froid, jusqu'à ce qu'il arrive sur la côte plus mort que vif. Lorsque les alliés envoyèrent des navires pour transférer les soldats serbes survivants sur l'île grecque de Corfou, un nouveau drame attendait mon arrière-grand-père : il est monté à bord d'un navire qui a rapidement été touché par une torpille. Il a survécu mais dû sauter à la mer pour sauver un ami. Un seul
livre a survécu. Mais ce qui est encore plus incroyable, c'est qu'une fois arrivé à Corfou, Luka s'est remis à la collecte d'ouvrages... Les livres et autres documents publiés pendant la guerre, que les soldats lisaient en attendant de se battre, ou même pendant les combats, sont exceptionnellement rares. Nous avons reçu une subvention de la British Library, en coopération avec la bibliothèque universitaire Svetozar Markovic de Belgrade, pour numériser la collection dans le cadre du Programme mondial de numérisation pour les archives et bibliothèques en danger.
JG : Pour terminer cet entretien, je voudrais citer Adam Sofronijevic, de la bibliothèque de l'Université de Belgrade précisément, qui a dit à propos de votre musée : « Son histoire est fascinante et nous en dit beaucoup sur la société et la culture serbes. C'est une histoire d'amour des livres et de préservation des livres, mais c'est aussi l'histoire d'un enthousiasme extraordinaire. » Et de vous, votre oncle Milorad Vlahovic a dit : « Victor a ça dans le sang. Il a toujours été obsédé par la collection. Nous sommes heureux et fiers qu'il ait fait cela pour notre bibliothèque, pour notre famille, pour notre pays. »
VL : J'ai voulu bâtir un abri sûr : un lieu auquel les gens de culture puissent confier leur biens précieux. Ma réussite est due au fait que les gens me font confiance, à moi et à mon projet, comme en témoigne le fait que quarante personnes nous ont fait donation de tout leur patrimoine de livres, documents et biens culturels, tandis que plus de trois cents nous ont fait donation de leurs bibliothèques, en tout ou partie. Le soutien des institutions gouvernementales a également été remarquable et porte reconnaissance du fait que nous sommes mieux placés que l'État pour poursuivre cet important projet. Il est le fruit du travail investi par neuf générations de ma famille et d'une grande importance pour la nation. Nous espérons en assurer la préservation pour de nombreuses années à venir.
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[1] Société ADLIGAT pour la culture, l'art et la coopération internationale, Musée du livre de littérature serbe et musée du voyage, Josipa Slavenskog 19a, 11 040 Belgrade - Banjica, République de Serbie, +381 11 36 72 807, +381 63 360 218, +381 63 88 54 927 [email protected]
[2] Don't pooh-pooh it: Making paper from elephant dung
BBC, May 20116
[3] NAPOLÉON, par la grâce de Dieu et les constitutions de l'Empire, Empereur des Français aux président et membres composant notre cour de justice criminelle des départements de Marengo et de la Sesia séant à Casal. Sur le compte qui nous a été rendu en exécution de l'article XLIX de l'Arrêté du 19 vendémiaire An 12, de la bonne conduite tenue aux ateliers d'Alexandrie par Bernard RADELSKI, soldat au Régiment de la Tour d'Auvergne condamné par un jugement d'un conseil de guerre en date du 13 mai 1806 à seize ans de boulet et à 1 500 frs d'amende pour désertion détenu auxdits ateliers ; Nous avons reconnu que nous pouvions lui faire éprouver les effets de notre clémence : en conséquence, nous avons, par décret daté de notre camp impérial de Tilsitt, le 23 juin 1807, ordonné qu'il serait tenu dans notre Palais des Tuileries à Paris, sous la présidence de notre cousin le Prince Archichancelier de l'Empire, Président ; notre cousin le Prince Architrésorier, MM. Dejean, Ministre de l'administration de la guerre, Champagny, Ministre de l'Intérieur, Monge, Président du Sénat, Garnier (Germain), Sénateur, Bigot-Préameneu et Lacuee, Conseillers d'Etat, Muraire, conseiller d'état, premier président de la cour de cassation, et Merlin, conseiller d'Etat, notre procureur général en ladite cour ; et après nous être fait représenter le procès verbal de la séance dudit conseil privé, tenue le 9 juillet suivant dans notre palais des Tuileries, le même procès verbal contenant le rapport de notre Grand-juge Ministre de la justice, et l'avis des autres Membres du conseil privé ; TOUT VU ET EXAMINÉ, voulant préférer miséricorde à la rigueur des lois, nous avons déclaré et déclarons faire grâce pleine et entière [rayé] audit Bernard RADELSKI, du temps à écouler de la peine conformément audit article XLIX de l'Arrêté du 19 vendémiaire An 12, et pour en jouir, suivant l'article LXXXIII du même arrêté. Mandons et ordonnons que les présentes lettres, scellées du sceau de l'Empire, vous soient présentées par notre procureur général près ladite cour, en audience publique, où l'impétrant sera conduit, pour entendre la lecture d'icelles, en présence de l'Officier commandant la gendarmerie dans le département, et que lesdites lettres soient de suite transcrites sur vos registres, à la réquisition du même procureur général.
[***] Commentaire de Jean Leclercq :
Qu'il me soit permis d'ajouter mon grain de sel à ce que dit M. Lazic de Régis de Cambacérès. Cet éminent juriste fut, rappelons-le, avec Bonaparte et Lebrun, l'un des triumvirs du régime intermédiaire entre la Révolution et l'Empire qu'on a appelé le Consulat. Il fut ensuite le conseiller juridique de Napoléon et joua un rôle effectivement très important dans la rédaction du Code civil. Toutefois, on ne peut pas dire qu'il en fut le créateur. En effet, s'il présida la commission d'élaboration du Code, il ne faut jamais oublier que ce corpus juris civilis est l'aboutissement de plusieurs siècles de réunion et d'harmonisation des coutumes qui régissaient le droit des personnes et des biens dans les deux tiers du royaume de France, le reste du pays étant régi par un droit écrit hérité des Romains. Dans ce domaine comme dans d'autres, Napoléon acheva l'oeuvre de la monarchie. Cambacérès ne créa pas le Code ex nihilo. Il partit des coutumes rassemblées et harmonisées pendant des siècles et sut génialement les fondre avec le droit écrit pour aboutir à un texte qui survécut au temps et aux régimes politiques dont on sait qu'ils furent nombreux et variés.
[4] "NEWS ON DISCOVERED TESLA'S DOCUMENTS ECHOED AROUND THE WORLD"
[5] Richard C. Hall (2014). War in the Balkans: An Encyclopedic History from the Fall of the Ottoman Empire to the Breakup of Yugoslavia. ABC-CLIO. ISBN 978-1-61069-031-7. (Guerre des Balkans : une histoire encyclopédique de la chute de l'Empire ottoman à l'éclatement de la Yougoslavie)
Excellent entretien avec Viktor Lazic dont on peut dire, parodiant Corneille, qu'aux âmes bien nées, la valeur n'attend pas le nombre des années ! Que de réalisations, et dans tant de domaines, nous laissent rêveurs.
Posted by: Jean Leclercq | 19/04/2020 at 11:56 AM