Bon 104e anniversaire à Olivia de HavillandIl y a quatre ans, nous avons publié un article intitulé « Brèves vies d'auteurs et longues vies d’artistes » de la plume de notre fidèle contributrice Michèle Druon. La longue vie dont il s’agissait était celle d’Olivia de Havilland, qui a joué dans le film Gone with the Wind [1] en 1939. Nous avons publié cet article à l'occasion du 70e anniversaire de la parution du livre (le 30 juin 1936) [2] sur lequel le film était basé et également du centenaire d’Olivia de Havilland (née le 1er juillet 1916). Le livre a été traduit en français en 1939 sous le titre “Autant en emporte le vent”.
Selon un sondage d’ABC News mené en 2011, le film « Autant en emporte le vent » a toujours été considéré comme le meilleur film jamais réalisé depuis 1939. Une fois l’inflation prise en compte, le film est le plus gros succès de l’histoire du cinéma.
Aujourd'hui, Olivia de Havilland est encore en vie et fêtera son 104e anniversaire cette semaine On ignore si elle occupe toujours la même maison parisienne près du Bois de Bologne, dans laquelle elle vivait depuis les années cinquante avec son mari français. [3]
Dans son autobiographie, Every Frenchman has One, mise à jour en 2016, elle écrit: « ... tous les Français parlent français — même les enfants. De nombreux Américains et Britanniques qui visitent le pays ne s’y font jamais vraiment, et l’idée persiste que les autochtones parlent la langue juste pour épater la galerie ou rendre les choses difficiles. »
« Le chef-d’œuvre de la romancière américaine Margaret Mitchell, Autant en emporte le vent, publié en français en 1939, la même année que la sortie du film éponyme aux 10 oscars, paraît jeudi pour la première fois dans une nouvelle traduction.
Publiée en deux volumes (720 pages chacun, 13 euros), en format poche, aux éditions Gallmeister, cette nouvelle version a nécessité un an de travail et de recherches de la part de la traductrice Josette Chicheportiche qui a eu la difficile tâche de revisiter une œuvre, superbe et flamboyante, mais aussi terriblement datée et scandaleuse dans sa façon de décrire les rapports raciaux dans le Sud esclavagiste. »
Le linguiste René Meertens, notre « Linguiste du mois de janvier 2019 » a rédigé une note sur la traduction de l'oeuvre de Margaret Mitchell dans une analyse publiée récemment sur notre blogue soeur, Le-mot-juste-en-anglais.com
Au cours de ce mois, qui correspond à la période des manifestations dans le monde à la suite de l'homicide de George Floyd aux Etats Unis, HBO Max a temporairement retiré « Autant en emporte le vent » de sa plate-forme de streaming et prévoit d’inclure une dénonciation et une explication sur les représentations racistes du film lorsqu’il sera remis en ligne.
Le service de streaming, assuré par WarnerMedia, reproposera ultérieurement le classique de 1939 et ajoutera un contexte historique. [4]
Voici un entretien avec John Ridley, le metteur en scène qui a adapté le script du film « Esclave pendant douze ans » et qui a promu la suppression temporaire d’« Autant en emporte le vent » pour attirer l’attention du public sur les stéréotypes racistes qui y sont reflétés dans celui-ci. D'apres Ridley, « C’est un film qui glorifie le Sud d’avant la guerre de Sécession. Tandis qu’il ignore les horreurs de l’esclavage, il perpétue les stéréotypes les plus douloureux sur les gens de couleur ».
Pour un aperçu sur la question controversée de savoir dans quelle mesure on doit préserver les livres, les films, voire les statues [5] qui rappellent les sombres souvenirs du monde de l'esclavage, voir « ‘Gone With the Wind and Controversy », paru dans le New York Times le 10 juin 2020.
Jonathan G.
Mise à jour : Olivia de Havilland est morte le 25 juillet 2020, quelques semaines après la parution de cet article.
[1] Le titre du livre et du film vient d'un poème écrit par l'Anglais Ernest Dowson (1867-1900) (lui aussi, de très courte vie) poete, romancier, auteur de nouvelles, traducteur anglais, associé au mouvement décadent. Dowson traduit Émile Zola, Honoré de Balzac, Voltaire. Un ami le découvre, à Paris, misérable, malade et alcoolique. Il le ramène à Londres, où il meurt dans sa maison.
[2] Le livre a remporté le Prix Pulitzer en 1939. Le prix porte le nom de Joseph Pulitzer, journaliste américain d'origine hongroise.
En 1883 la collecte des fonds nécessaires à la réalisation de l'immense socle de la statue de liberté (« Miss Liberty ») à New York manquait de financement. C’était Pulitzer qui a joué un rôle principal en incitant les donneurs privés à financer le projet.
[3] Quand Olivia de Havilland épousait… un journaliste de Paris Match
[4] Une projection d'Autant en emporte le vent annulée à Paris, "inadmissible" pour le ministre de la Culture
FRANCE24, 13.6.2020
[5] Actualités - 28.6.2020 : A la suite du meurtre de George Floyd, les activistes partout demandent que des statues d'esclavagistes ou figures historiques racistes soient déboutonnées. Ils ont détruit les statues de Victor Schoelcher en Guadeloupe et puis celles les statues de Joséphine de Beauharnais et du navigateur Pierre Belain d'Esnambuc qui donna l'île à la France. Dans le même temps étaient souillées en métropole différentes statues dont celle de Colbert devant l'Assemblée nationale.
Une telle réclamation a été faite cette semaine envers la statue du roi français Louis IX du Moyen Âge, dans la ville de Saint Louis (Missouri). Cette statue représente le roi à califourchon sur un cheval, portant une couronne et une robe et tenant une épée dans sa main droite. Érigée il y a 116 ans à Forest Park, elle est l'un des monuments les plus connus de la ville. Aujourd'hui, une coalition d'activistes veut que cette statue soit abattue parce que Louis IX a persécuté les Juifs, a présidé à l'incendie de masse notoire du Talmud juif, a émis un ordre d'expulsion contre ses sujets juifs et a mené deux armées croisées dans des offensives infructueuses en Afrique du Nord.
Louisville (Kentucky), par contre, porte le nom du roi français Louis XVI.
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La statue de Léopold à Anvers | La statue du roi Louis IX à Saint-Louis |
Ces statues que l’on déboulonne,
FRANCE-AMERIQUE, le 11 juin 2020
Déboutonner, expliquer, remplacer...
Pourquoi les statues ont pris une place monumentale dans le combat
contre le racisme
Franceinfo 19.6.2020
La statue de l'impératrice Joséphine détruite à Fort-de-France
Fondation Napoleon, 27 juillet 2020
Le Camerounais en guerre contre la statue d'un héros de guerre français
BBC News Afrique
Lectures supplémentaires :
Scarlett O'Hara ou la putain féministe
SLATE.fr
How do we address racism in 'Gone with the Wind"?
New York Times
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